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Notes sur des arts

NB : Cette page n'est qu'une traduction partielle de la version complète en russe.
On espère d'avoir conséquemment plus de textes traduits.


Une bonne interprétation d'un rôle frise le cynisme, un outrage à quelque chose très personnelle, qui appartient a une seule personne, mais pas au comédien. On ne peut pas parodier l'âme sans risquer la perdre.


Art serve à produire des repères.


Le vrai art est à faire les gens aimer les gens.


La spontanéité aux arts = médiocrité.


Comment un grand artiste se distingue de un artiste génial ? Quelqu'un devient grand en exprimant sensiblement des idées à peine mûrissantes dans la société, parfois au mépris de ses propres convictions. Le génie est la capacité d'être avant son temps, le talent de la perte.

Il n'y a pas de génies reconnus.


L'art est la construction de l'expérience.


N'importe quoi peut devenir art ; mais il y a des arts qui servent par intérim à porter les idées n'ayant encore reçu une expression vraiment artistique.


La contradiction, c'est ridicule. Donc les niveaux du comique : l'intérieur et l'extérieur, la différence, l'opposition, l'antinomie.


Oui, l'inspiration artistique (ou scientifique) est pareille à l'orgasme, par l'apparence. Elle doit être bien préparée, elle demande mobilisation et concentration, elle vient tout à coup, on en reste épuisé et heureux... Mais cet orgasme spirituel est beaucoup plus fort, et ceux qui en ont fait l'expérience trouve son prototype organique pâle et ennuyeux. Quelques-uns essaieraient compenser le manque occasionnel d'inspiration par sexe ; cela ne donne jamais tant de satisfaction.


Sincérité dans les arts est comme un dormitif ; il est utile en doses bien modérés, mais son excès est mortel.


On dit que Shakespeare a le mérite de créer le drame des caractères, par contraste au drame du destin en tragédie antique. Logiquement, le niveau suivant du drame sera la synthèse de ces antipodes. On pourrait comparer Othello par Shakespeare avec Requiem pour un fou par Gilles Thibaut (1976). Les deux œuvres sont pareils par son sujet : un homme tue la femme de son amour. Chez Shakespeare, le dénouement tragique s'ensuivie des caractères des personnages, qui restent les prisonniers des notions habituelles ; la collision est toujours dans le sphère de vie courante et toute l'universalité n'est que psychologique, pour obéir des modèles de comportement d'une société historiquement limitée. A premier regard, on voit chez Thibaut la même jalousie aveugle, la même attitude de propriétaire envers la femme. Mais les racines de la tragédie sont ici beaucoup plus profondes ; l'homme n'est pas jaloux à cause d'un autre homme, sa jalousie est inspirée par le monde entier ! Il ne peut pas imaginer sa femme hors leur amour, tout attouchement y serait un outrage ; donc il la tue et meurt lui-même. On semble à revenir à la tragédie antique à un autre niveau, avec les caractères représentants une idée générale : " pour qu'un grand amour vive toujours il faut qu'il meurt, qu'il meurt d'amour. " L'amour porte en soi la mort ; il ne devient immortel qu'en dépassant la vie.


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